Le Bulletin ParticipACTION sur l’activité physique des enfants et des jeunes, l’évaluation la plus complète de l’activité physique des enfants au Canada, a récemment donné au pays un D+ pour l’activité physique globale.
Bien que cette note soit meilleure que la note D attribuée en 2022, il y a encore beaucoup de place pour l’amélioration. La note D+ s’explique par le fait que seulement 39 % des enfants et des jeunes au Canada respectent la recommandation d’au moins 60 minutes par jour d’activité physique d’intensité modérée à vigoureuse – ou stimulante pour le cœur.
Le rapport, auquel nous avons participé, synthétise et partage les dernières recherches sur l’activité physique, dans le but d’influencer les comportements et les politiques pour que les enfants vivant au Canada bougent plus et soient moins assis.
Une équipe de 17 experts de premier plan en matière d’activité physique des enfants, provenant de tout le Canada et de différents secteurs – y compris le monde universitaire, le gouvernement et les organisations non gouvernementales – a élaboré le rapport en utilisant les meilleures données disponibles provenant de sources multiples.
Les conclusions du rapport montrent qu’il existe encore un nombre important d’obstacles qui empêchent les enfants et les jeunes de mener un mode de vie plus sain et plus actif au Canada.
L’un des facteurs qui est probablement à l’origine des faibles taux d’activité physique est le comportement sédentaire à l’écran, qui a reçu la note D dans le rapport de cette année. Seuls 27 % des enfants et des jeunes respectent la recommandation de moins de deux heures par jour de temps passé devant un écran à des fins récréatives.
Inégalités et activité physique
L’augmentation de la note attribuée à l’activité physique n’a pas été universelle dans tous les groupes défavorisés sur le plan de l’équité.
Les données nationales indiquent que l’activité physique a diminué chez les garçons et les filles pendant la pandémie. Trente-sept pour cent des enfants étaient actifs à l’automne 2020, contre 50 % avant la pandémie.
Toutefois, seuls les niveaux d’activité physique des garçons ont remonté. Cinquante-deux pour cent des garçons étaient physiquement actifs en 2021, contre 40 % en 2020. Les filles ont stagné à 35 % en 2021 et en 2020.
En outre, seuls 55 % des parents des ménages aux revenus les plus faibles ont déclaré que leurs enfants avaient participé à des sports organisés au cours de l’année écoulée, contre 86 % des parents des ménages aux revenus les plus élevés.
Le changement climatique
Alors que l’activité physique des enfants est déjà mal notée, le changement climatique apparaît comme un nouvel obstacle à l’augmentation de l’activité physique des enfants et des jeunes.
Par exemple, le nombre d’alertes météorologiques au Canada a tendance à augmenter rapidement, ce qui pourrait indiquer une augmentation du nombre de jours où les enfants ne peuvent pas jouer dehors, où les récréations ont lieu à l’intérieur et où les journées de sport et d’école sont annulées.
Les événements tels que la mauvaise qualité de l’air due à la fumée des feux de forêt, les vagues de chaleur et les dômes de chaleur sont de plus en plus fréquents pendant l’été, et les climatologues prévoient qu’ils deviendront de plus en plus intenses.
Les enfants, par rapport aux adultes, sont également plus vulnérables aux événements météorologiques liés au climat, car leurs voies respiratoires sont plus petites et ils doivent respirer plus rapidement, ce qui pourrait les exposer à un plus grand risque d’inhalation de polluants et de maladies pulmonaires subséquentes.
Au-delà des risques, l’activité physique peut contribuer à la santé planétaire et à la résilience des enfants. Par exemple, les activités physiques telles que le transport actif et le jardinage peuvent être bénéfiques pour l’individu et pour la santé de la planète.
En outre, plus un enfant passe de temps à l’extérieur, plus il est actif et plus son lien avec la nature s’accroît. Cela peut permettre d’élever une génération d’adultes plus favorables à l’environnement. Une activité physique régulière peut également rendre les enfants plus résistants à la hausse des températures associée au changement climatique.
Comparaison des notes
Si l’on examine les notes obtenues dans 57 pays du monde en 2022, on constate que la note globale du Canada en matière d’activité physique (D) est inférieure à la moyenne par rapport à d’autres pays dont l’indice de développement humain est très élevé. Dans l’ensemble, 27 pays ont obtenu une note supérieure à celle du Canada.
Les deux pays ayant obtenu les meilleures notes sont la Slovénie et la Suède, avec un A-. Les raisons potentielles de ces notes plus élevées incluent la forte infrastructure de la Slovénie dans la communauté et la qualité de l’éducation physique dans les écoles.
Par ailleurs, l’importance de l’activité physique a imprégné de nombreuses facettes de la culture finlandaise. Elle est fortement soulignée dans la formation, les politiques, les stratégies et les programmes nationaux de promotion de la santé.
Si le Canada s’efforce de faire de l’activité physique une norme culturelle, il a beaucoup à apprendre de la Slovénie et de la Finlande.
Améliorer l’activité physique au Canada
Le bulletin ParticipACTION 2024 formule un certain nombre de recommandations pour améliorer l’activité physique au Canada, y compris des recommandations spécifiques au changement climatique. Bien que le changement climatique présente des obstacles pour les niveaux d’activité physique des enfants, il existe des moyens d’aider les enfants et les jeunes à rester actifs tout en renforçant leur résilience.
Pour les parents et les soignants, le rapport suggère de remplacer le temps sédentaire et le temps passé devant un écran par des jeux actifs à l’intérieur pendant les événements climatiques qui limitent les jeux en plein air et les sports organisés. Les soignants peuvent également élaborer des plans d’activités à l’intérieur et se rendre dans les centres de loisirs locaux.
En facilitant les discussions sur le changement climatique et en organisant des activités de plein air, les parents et les personnes qui s’occupent des enfants peuvent également réduire l’éco-anxiété et favoriser une meilleure compréhension et appréciation de la conservation de l’environnement.
Les responsables de programmes sportifs organisés peuvent mettre en place des systèmes d’alerte à la chaleur et élaborer des lignes directrices et des politiques claires et faciles à mettre en œuvre en cas d’événements météorologiques défavorables.
Les écoles sont encouragées à mettre en œuvre des politiques et des stratégies d’activité physique quotidienne afin de préserver le jeu actif lorsque la récréation est déplacée à l’intérieur en raison de risques liés au climat.
Les gouvernements ont un rôle à jouer en investissant davantage dans les infrastructures de transport actif – qui, à leur tour, réduiraient les émissions de carbone et la pollution -, les parcs nationaux et provinciaux, les sentiers et les installations de loisirs et de sport afin d’améliorer l’accès des enfants, des jeunes et des familles aux possibilités d’activité physique.
Enfin, tous les secteurs devraient investir dans des initiatives de promotion de la santé qui tiennent compte des conséquences du changement climatique sur l’activité physique des enfants et des jeunes, en mettant particulièrement l’accent sur les communautés défavorisées, afin de rendre l’activité physique plus accessible à tous dans un contexte de changement climatique.
Cet article a été initialement publié le 15 mai 2024 dans The Conversation.