Drapée de l’étendard canadien, Marina Stakusic, alors âgée de 18 ans, flanquée de la capitaine Heidi El Tabakh et de Gabriela Dabrowski, rayonnait sur les surfaces dures de l’Estadio de la Cartuja. Quelques minutes auparavant, Leylah Annie Fernandez, enlacée par des coéquipières en liesse, avait lancé sa raquette dans les airs après la réussite d’un revers croisé impeccable hors de la portée de l’Italienne Jasmine Paoline sur la balle de match.
“Ça signifie tellement pour le tennis Canadien,” a déclaré Stakusic devant un groupe de partisans vêtus de rouge et de blanc et qui chantaient la sérénade aux nouvelles championnes du monde, pendant que l’équipe faisait une pause dans ses célébrations pleines d’adrénaline, le temps de se calmer un peu et de compléter ses engagements médiatiques d’après-match.
C’est ce qui s’est passé à Séville, en Espagne, en novembre dernier, quand Équipe Canada présentée par Sobeys a remporté le tout premier titre de son histoire à la Coupe Billie Jean King. Pendant une semaine ou deux, le trophée a trôné sur la cheminée du tennis canadien, aux côtés du saladier de la Coupe Davis que Frank Dancevic, Félix Auger-Aliassime, Denis Shapovalov, Vasek Pospisil et compagnie avaient ramené à la maison un peu moins de 12 mois plus tôt.
Si ce n’était déjà fait, le Canada confirmait sa place au sommet des pays d’élite en tant que champion du monde du tennis masculin et féminin. Mais l’effet d’entraînement de ses deux titres majeurs va bien au-delà de la victoire elle-même. Grâce à son succès sur la scène internationale, le tennis canadien a connu une croissance dans ses propres frontières.
Récemment, Tennis Canada a fait connaître les résultats d’une étude menée par YouGov Canada sur l’intérêt et la participation, et qui montre une croissance du tennis portée surtout par les jeunes. En effet, près 5 millions de Canadiens ont joué au tennis au cours de la dernière année. C’est la première fois que le sport connaît une augmentation aussi importante dans ces deux catégories depuis la COVID-19, ce qui laisse présager un retour potentiel au niveau d’avant la pandémie dans un avenir proche.
“Cette croissance de l’intérêt et de la participation que nous avons constatée en 2023 est très encourageante, en particulier chez les jeunes, a affirmé le nouveau chef de la direction de Tennis Canada, Gavin Ziv. Pendant plusieurs années, la stratégie de Tennis Canada a consisté à investir dans la haute performance pour s’assurer d’avoir un plus grand nombre de joueurs et joueuses parmi l’élite mondiale et inciter les Canadiens à jouer au tennis. On peut constater que cette stratégie a porté ses fruits et a permis à Tennis Canada et à ses partenaires des associations provinciales et territoriales de favoriser la croissance du sport au pays.”
Au-delà du triomphe à la Coupe Billie Jean King, le tennis a connu des heures de gloire en 2023. Dabrowski et sa partenaire Erin Routliffe ont remporté leur premier titre en Grand Chelem aux Internationaux des États-Unis en 2023. De son côté, les deux volets de l’Omnium Banque Nationale présenté par Rogers (OBN et NBO) ont établi des records d’assistance. Les amateurs ont afflué vers les plus importants tournois de tennis de classe mondiale au Canada pour y voir en personne les meilleurs joueurs et joueuses du monde s’affronter au Stade Sobeys et au Stade IGA respectivement.
Vague après vague, ces étapes inspirent les enfants à se lancer dans le tennis. Cette constatation était la même en 2019 grâce aux victoires historiques de Bianca Andreescu à l’OBN — qui devenait ainsi la première Canadienne en 50 ans à remporter ce tournoi (Faye Urban 1959) — et aux Internationaux des États-Unis, en battant chaque fois Serena Williams.
De retour au pays, lors de sa conférence de presse dans les jours qui ont suivi ce triomphe au Stade Arthur-Ashe de New York, Andreescu n’a pas caché son ambition d’influencer les autres pour qu’ils jouent au tennis. “L’un de mes objectifs était d’être une source d’inspiration pour plusieurs personnes et je pense que je commence à l’être, ce qui signifie beaucoup, a-t-elle dit devant un parterre rempli de journalistes et de photographes. Si j’entre sur le terrain et que je donne le bon exemple, j’imagine que cette attitude poussera des gens à jouer au tennis.”
Qui a donc inspiré Bianca, Marina, Félix et Denis ? Il faut remonter à Wimbledon, en 2014 et 2016, pour contempler les finalistes Eugenie Bouchard et Milos Raonic, qui ont également été les premiers Canadiens à s’immiscer dans le Top 5 mondial à la WTA et à l’ATP respectivement. “L’amour du tennis et son appréciation ont considérablement augmenté”, a déclaré il y a 8 ans Raonic après sa défaite en finale contre Andy Murray sur le sacro-saint terrain central de Wimbledon.
Avant Eugenie et Milos, il y a eu Daniel Nestor, 12 fois champion d’un tournoi du Grand Chelem en double et, avant lui, Helen Kelesi et Robert Bédard
Qui suivra leurs traces ? La réponse à cette question est excitante compte tenu du nombre grandissant de Canadiens qui jouent au tennis.
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